Social et environnement : le digital est-il vraiment adapté ?
« Transition numérique », « Dématérialisation », « Numérisation », ces mots sont depuis quelques années sur toutes les bouches. Pourtant, on peut se demander si cette cybertendance à outrance est réellement adaptée aux besoins sociaux et environnementaux. L’agence Bolivie se questionne ici sur ces deux points.
Le numérique est-il adapté aux besoins sociaux ?
Fracture numérique et illectronisme
Face à la sur-numérisation, beaucoup de français se sentent dépassés.
D’après un sondage publié par le CSA en juin 2018 « 23% des français ne seraient pas à l’aise avec le numérique. »
Qui sont-ils ? Des personnes âgées, des personnes précaires, des personnes ne sachant pas lire.
Conséquences : ces personnes se retrouvent inadaptées à ces nouveaux usages sociaux et le plus souvent isolées voire en perte d’autonomie.
La question se pose également à l’inverse, puisque les digitales natives ne savent plus accomplir certains gestes quotidiens sans leur smartphone comme se réveiller, se déplacer, cuisiner, lire… Ils manifestent ainsi une totale dépendance au numérique.
Inégalité numérique
iPhone dernier cri, nouvelles applications, digitalisations des actes administratifs simples… Nous n’en finissons pas de changer nos usages.
La technologie se renouvelle trop vite, si bien que nous n’avons plus le temps de maîtriser parfaitement un outil.
Les smartphones et ordinateurs deviennent très vite obsolètes et il faut mettre le prix pour les remplacer. Seulement, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, car tout le monde n’est pas capable financièrement de s’acheter le dernier iPhone.
À l’heure où nous est annoncé que la création d’emplois se fera dans ce secteur, on peut se demander comment les jeunes subissant déjà des inégalités sociales, vont pouvoir se maintenir à la page en possédant tous les outils pour se faire ?
Cybermalveillance
Face à ces inégalités liées à des problématiques sociales et d’illectronisme, les victimes deviennent plus facilement des victimes du cyberharcèlement. En 2018, le site cybermalveillance.gouv.fr a recensé plus de 28 000 victimes de cyberdélinquance ou cybercriminalité.
Les entreprises non dotées d’outils performants sont également ciblées. Un site est, en effet, facilement attaquable dès qu’il y a une faille et nombreux sont les sites mal codés.
Le numérique est-il adapté aux besoins environnementaux ?
Des problématiques environnementales
Le numérique oblige à la fabrication de machines (ordinateurs, smartphone, tablettes) toujours plus performantes dont les composants sont le plus souvent importés de Chine et font donc un très long voyage. Ces machines sont composées de terres rares et métaux précieux dont l’exploitation est aussi très discutable en matière sociale et environnementale. Par exemple, la fabrication d’un ordinateur nécessite 800 kilogrammes de matières premières mobilisées, et génère 124 kilogrammes de CO2, sur les 169 kilogrammes émis sur l’ensemble de son cycle de vie. (source: Ademe)
Ces machines, pour être utilisées, ont, par ailleurs, besoin d’énergie et représentent une des principales causes de notre augmentation de besoins énergétiques.
« Le secteur du numérique est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025 », estime l’Ademe.
Des problématiques professionnelles dues à un manque d’expertises
Aujourd’hui, en ce qui concerne les entreprises, les problématiques environnementales sont aussi dues à des négligences de professionnels. Ainsi, par exemple, un site mal codé sera bien plus polluant et bien plus lent et donc bien plus énergivore.
La question du stockage des données pose aussi des questions, puisque l’éloignement géographique des serveurs est aussi très énergivore et a un impact réel sur la consommation. Selon l’Ademe, les gaz à effet de serre sont dus à 28 % aux infrastructures réseau, à 25 % aux data centers (des centres de stockage de données).
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